Acheter français, acheter chinois, acheter brésilien, acheter national, le slogan est à la mode en ces temps de crise généralisée, crise politique d’abord, crise économique qui en découle, crise morale, crise de nerfs collective, etc. Mais voilà, des paroles aux actes protectionnistes, cela varie fortement d’un pays à un autre.
Prenons la bagnole, cet objet de consommation paraît-il emblématique, objet de désir encore pour certains. En France, on a entendu récemment Sarkozy faire allusion à Toyota, sans le nommer. Il vaut mieux, laissait-il entendre, acheter une Toyota fabriquée à Valenciennes, chez l’ami ( ?) Borloo plutôt qu’une Peugeot montée en Espagne.
Le même raisonnement s’applique au Brésil et se traduit dans les faits par des droits de douane en hausse, des droits de douane qui vont passer de 7,60% à 15%. Inclus dans l’IPI (Impôt sur les produits industrialisés), celui-ci va passer à 56,12% du prix de vente, à comparer aux 41,12% qui s’appliquent aux véhicules produits au Brésil et dans les pays bénéficiant d’un accord préférentiel, comme l’Argentine (Mercosur) et le Mexique.
Ainsi, pour une Honda CR-V 2.0 flex produite au Mexique, les taxes s’élèvent à 41,12% du prix de vente de 85.700 R$ (environ 35.400 euros), soit 35.240 R$, quand, pour une Kia Sportage 2.0 produite en Corée, dont la valeur était équivalente au modèle Honda susdit, les taxes vont faire passer son prix de vente à 93.140 R$ (environ 38.500 euros), les taxes se montant à la coquette somme de 52.270 R$.
Au passage, le lecteur attentif aura remarqué que les autos, nationales ou pas, coûtent un tantinet plus cher qu’en France...
La France (et l’UE) justement ? Eh bien, pour un véhicule produit au Brésil comme la Volkswagen Fox, le Brésil étant l’unique lieu de production dans le monde, s’appliquent des droits de douane de 6,5%. Mais avec une différence de taille, les taxes s’appliquant à la valeur CIF (prix d’achat + assurance + transport) du produit importé. 6,5% sur la valeur CIF à comparer aux 15% sur le prix de vente, cela fait grosso modo quatre fois moins dans l’Union européenne qu’au Brésil.
Quant à moi qui souhaiterais, de Vitória, donner un coup de pouce à l’économie française, et pour qui l’achat d’un véhicule français importé est hors de mes moyens, il ne me reste guère qu’à me rabattre sur quelque bouteille de vin français (à partir de 80 euros, toutefois, pour un pinard qui n’en vaudrait que 15 en France) ou un fromage. Mais rayon fromage, si j’en trouve facilement d’excellents qui viennent de Suisse, d’Italie, d’Autriche ou des Pays-Bas chez mon delicatessen préféré, rien de rien côté français sinon un horrible camembert en boîte métallique dont, par pudeur, je tairai la marque !
Et puis, chut, ne le répétez pas, certain Capixaba fait d’excellents morbiers.
Pouvez vous donner quelques détails sur cet impôt frappant les produits industrialisés, SVP?
RépondreSupprimerEt quelles sont les tendances de performance de l'industrie brésilienne?
Merci!
Bien d'accord avec vous pour signaler qu'il est quasiment impossible de trouver du vin et du fromage français acceptables sauf à payer pour les premiers un prix délirant. Quant aux fromages, ne s'exportant guère au Brésil que des pâtes industrielles infâmes, à tel point que je me suis demandé s'il n'y avait pas embargo sur les productions à base de lait cru.
Benjamin, j'aurai l'occasion de revenir prochainement sur la performance de l'industrie brésilienne.
RépondreSupprimerQuant à l'IPI, c'est un impôt dont l'assiette est la valeur de chaque produit considéré "industrialisé", sur laquelle s'applique un taux qui varie d'un produit à l'autre.
La variation tient-elle compte des besoins essentiels? (par exemple moins de taxes sur un frigo domestique que sur un écran plasma)
RépondreSupprimerEst-elle un moyen détourné ou franc de pénaliser ce qui est importé?
En principe, les variations font la distinction entre besoins réputés essentiels et superflus.
RépondreSupprimerEt c'est aussi un moyen, affiché et revendiqué, de pénaliser les produits importés.