À force d’être répétée, la chose finit par s’imposer comme une vérité aux yeux de ce qu’on appelle l’opinion publique. Il faudrait, d’ailleurs, s’interroger sur le sens qu’a véritablement l’expression « opinion publique », mais je laisserai ça pour un prochain billet.
Il s’agit ici simplement de souligner, par un exemple, un de plus, l’inanité de cette « vérité admise », à savoir que des pays comme le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (les fameux BRIC), seraient les relais de croissance, grâce auquel le système économique en place va se maintenir en déplaçant le centre de gravité de la croissance. À l’appui de cet argument, vient sans cesse répétée par les perroquets qui tiennent lieu de commentateurs officiels (la plupart des journalistes et des politiques) la prétendue émergence d’une classe moyenne dans les BRIC.
Le contre-exemple de ce jour nous est donné, et c’est bien normal s’agissant de ce blogue, par le Brésil. Des millions de personnes seraient sortis de la misère et auraient rejoint les classes moyennes... Or, qu’apprend-on ce jour ? L’UNICEF, s’appuyant sur l’IBGE, nous apprend que la proportion d’adolescents de 12 à 17 ans qui vivent dans l’extrême pauvreté n’a cessé de progresser depuis 2004, l’extrême pauvreté étant au Brésil définie par un revenu mensuel familial inférieur au quart du salaire minimum (soit environ 60 euros, soit encore 2 euros par jour).
Ils étaient 16,3% en 2004, ils étaient 17,6% en 2009, dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles. Avec des disparités régionales énormes : 38,4% (36,7% en 2004) en Alagoas contre 4,4% (3,7% en 2004) dans l’État de Santa Catarina. Ou encore 13% (11,2% en 2004) dans mon État, l’Espírito Santo, qui est loin d’être le plus mal loti.
Faut-il s’étonner, pour s’en amuser, que les chiffres auxquels on a fait le plus de publicité cette semaine concernait le nombre de nouveaux millionnaires gagnés chaque jour par le Brésil, à savoir 19 ?
Merci pour cette petite plongée dans les coulisses des BRIC.
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