Depuis un certain
temps, en fait un incertain temps, il semble devenu de bon ton de se
faire prendre en photo en train de sceller un selinho, un
bisou superficiel où l'on se contente d'effleurer les lèvres l'un
de l'autre, une mode plus marquée encore lorsque les deux
protagonistes sont du même sexe. Depuis quelques mois, voire plus,
depuis que cette mode a pris, relancée par une comédienne d'âge
respectable, Hebe Camargo, même le quotidien Folha de São Paulo,
qui se prétend au service du Brésil, ne cesse de nous offrir des
selinhos à gogo.
Se coller les
lèvres, sans ouvrir la bouche, sans rouler une pelle, serait devenu
un acte politique face aux attaques des députés évangéliques,
Marco Feliciano en tête, contre l'homosexualité. Ce qui explique
sans doute pourquoi notre journal au service du Brésil nous
livre chaque jour son selinho... Dans les journaux
britanniques, les plus vendus en tout cas, la deuxième page était –
est encore ? – consacrée à une photo de nu, féminin,
exclusivement féminin. Acte politique, qui ne disait pas son nom,
qui voulait marquer la supériorité du genre masculin sur le genre
féminin ?
On se perd en
conjectures – non, ce n'est pas un gros mot ! En revanche,
l'origine de selinho est tout à fait claire : diminutif
de selo, qui signifie sceau, mais aussi timbre
postal. Pouvoir de la métaphore.
D'ailleurs,
d'Ouganda par exemple, on se rend compte à consulter les journaux,
en ligne
en première ligne, que les affaires sexuelles occupent beaucoup ces
temps-ci au point de devenir publiques et donc politiques. Que
l'interdiction de l'homosexualité ou de la fellation par tel ou tel
président, démocratiquement élu ou pas, pourrait presque se
transformer en casus belli.
Ne peut-on pas laisser les Ougandais décider eux-mêmes ?
Faut-il rappeler qu'il n'y a pas si longtemps des cantons suisses
refusaient le droit de vote aux femmes. Quel rapport ? C'est à
chaque peuple de faire évoluer sa mentalité et ses pratiques, au
rythme où il le souhaitera, mon
bon monsieur, ma bonne dame.
Le contraire ne peut être que contre-productif, nous
dit Trissa Traoré, vice-président de la Fédération
internationale des droits de l'homme
Mais revenons un
instant aux baisers, soit dit en passant moins universels qu'il n'y
paraît, si le selinho peut se traduire sans grand dommage en
français par bisou, il semble qu'il n'y ait pas en portugais,
du moins au Brésil, d'expression équivalente à rouler une
pelle. Nous nous contentons du quasi anatomique beijo de
lingua ou linguão.
Cette semaine, une
affaire a secoué les réseaux sociaux brésiliens, sur Face
comme on dit ici. Un numéro de France Football titrant Peur
sur le Mondial a servi de caution douteuse aux activistes
brésiliens de droite pour tenter de faire porter la
responsabilité de tous les problèmes du Brésil à Lula, Dilma et
plus généralement au PT. À partir des articles de la vénérable
revue française, les auteurs de ce fake ont établi une liste
de griefs, certains réels, d'autres de grossières exagérations et
des inventions. Le plus drôle, c'est que certains lecteurs
brésiliens lisant cela s'en prennent aux Français dans leurs
commentaires, rappelant en premier lieu qu'ils puent, qu'ils jouent
au football comme des pieds nickelés ou encore qu'ils ne sortiront
pas vivants de la crise que connaît l'Europe. Encore heureux qu'ils
ne savent pas que les Français qui se roulent des pelles, c'est une
horreur !
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