Quatre
hommes et une femme. Un Européen, un Africain, une Latino non
indienne, un Indien, un Chinois. Ce sont les représentants actuels
des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) réunis
actuellement au Brésil et qui viennent de décider la création
d'une banque développement ayant pour objectif non seulement d'être
au service des pays fondateurs, mais aussi d'autres pays émergents.
Pas aujourd'hui véritablement une alternative au FMI ou à la Banque
mondiale, mais qui annonce peut-être d'autres structures dans le
futur, ayant des ambitions plus larges.
Le
siège sera à Shanghai, la présidence sera tournante. Pour
commencer, l'Inde prend en main les rênes, le Brésil la suivra dans
cinq ans. À terme, il se pourrait aussi que ces pays décident de se
passer du dollar et de l'euro pour une part de leurs relations
commerciales internes au groupe. Ironie de l'histoire, l'acronyme
BRIC (qui a précédé BRICS) a été créé en 2001 par Jim O'Neill,
économiste de la banque d'investissement Goldman Sachs. C'était à
un moment où Wall Street et la City faisaient assaut d'amabilités à
l'égard des pays émergents, ne cessaient de louer leurs dirigeants
dans la presse à leur service (Financial Times, The Economist, Wall
Street Journal), reprochaient aux dirigeants des pays riches de ne
pas suivre leur exemple. Aujourd'hui l'amour n'est plus à l'ordre du
jour et le désamour est même consommé. Ces changements d'humeur
peuvent ne pas paraître toujours très clairs, mais nous pouvons
être certains qu'ils sont directement liés aux intérêts de
l'oligarchie qui gouverne dans une large mesure notre petite planète.
Une
des conséquences de ce retournement se traduit actuellement au
Brésil par la campagne de presse orchestrée contre Dilma, avec pour
objectif d'empêcher sa réélection en octobre prochain. Alors que
pendant huit ans, Lula a bénéficié d'un pacte de non agression de
la part d'une partie de la bourgeoisie et en particulier des
entrepreneurs, Dilma ne connaît qu'un désaveu croissant à mesure
qu'approche l'élection. Et ce d'autant plus significativement
qu'elle ne fait que poursuivre les grands axes de la politique de son
prédécesseur. Pour abattre la présidente, tout est bon, les
fausses informations, l'intox permanente, la confusion des idées
émises par l'opposition afin de noyer son véritable projet, l'appel
à la peur... La Coupe du monde a été l'objet de tous les
fantasmes, ces dernières semaines. L'opposition (surtout de droite)
annonçait une catastrophe qui aurait été à mettre sur le compte
du gouvernement. Maintenant qu'elle ne peut nier que tout s'est bien
passé, et même au-delà des espérances, ce n'est en rien à mettre
au crédit du gouvernement mais uniquement à celui du secteur
privé !
À
force, les messages produits par les grandes chaînes de télévision
et les journaux, tous sous le contrôle de grands groupes ou
d'églises évangéliques, finissent par passer et faire douter une
partie de ceux qui ont voté pour la candidate du PT il y a 4 ans. Au
point qu'il est impossible aujourd'hui de faire un pronostic. Il y a
quelques années, cette même presse avait réussi à retourner
l'opinion publique en quelques jours, avant un référendum sur la
vente libre des armes à feu : la vente libre avait été
maintenue, contre toute attente. C'est une leçon qu'a retenu la
droite et son candidat Aécio Neves. L'enjeu est certes différent,
mais la bascule pourrait tout aussi bien fonctionner ces prochaines
semaines.
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