Je lisais ce matin
tranquillement la Folha de São Paulo quand je suis tombé sur
ce titre : « Le Brésil se maintient avec le meilleur IDH
du monde ». L'IDH est l'indice de développement humain avec
lequel l'ONU évalue la « performance » des pays, un
indice alternatif au PIB qui prétend remettre l'homme au centre des
activités et préoccupations humaines. Je l'ai relu pour vérifier
que je ne m'étais pas trompé. La dernière fois que les Nations
Unies avaient publié leur classement, le Brésil se trouvait aux
environs de la 80ème place. C'est dire que, selon la Folha,
il avait fait un sacré bond en avant, que même un Mao au meilleur
de sa forme n'aurait osé rêver ! Or, j'avais bien lu. J'ai
donc relu une nouvelle fois, mais lentement, pour chercher où se
trouvait le piège dans lequel mon attention avait plongé. Et
j'avais beau détacher mot après mot, tout paraissait on ne peut
plus clair : le Brésil était donc bien le paradis où je
vivais sans le savoir. J'ai donc lu l'article e y ai découvert que
deux pays avaient fait, eux aussi de sacrés progrès : Israël
et l'Arabie Saoudite qui entraient pour la première fois dans le top
10. Pourquoi pas, après tout, me suis-je dit. Respectivement
deuxième et troisième, la Norvège et le Luxembourg suivaient de
près le Brésil, ce qui donnait plus de poids encore à cette
sidérante information. Et la France ? L'article n'en disait
rien, mais j'imaginais qu'avec Sarkozy aux commandes, elle avait dû
sérieusement dégringoler. Mais quand j'ai lu que le Gabon avait,
pour la première fois, atteint le 14ème rang, je me suis redit
qu'il y avait quelque chose qui clochait et j'ai cherché le cahier
Mercado de mon journal, comme indiqué. Et je n'y ai, bien
sûr, rien trouvé.
C'est en prenant
quelque distance avec la page C16 du cahier Cotidiano que j'ai
compris ma bévue. La page C16 nous offrait, avec forces
illustrations, une sélection des souhaits de ses lecteurs pour 2101.
Parmi ce florilège, je citerai encore : le nombre d'habitants
sur la Lune dépassait maintenant les 10 millions ; le
Moyen-Orient était une des régions les plus recherchées par les
touristes ; après une légère grippe, Oscar Niemeyer
annonçait, à 194 ans, un nouveau projet !!! Il y avait aussi
un navire spatial qui emmenait des touristes, dont 40 Brésiliens,
vers Mars. Quant au métro de São Paulo, il atteignait 2315
kilomètres et surclassait pour la première fois celui de Shanghai,
très loin de Paris et ses misérables 745 km.
Je me suis rappelé
le 1er janvier 1960. J'habitais Lambersart, dans la banlieue de
Lille. Un quotidien local, la Voix du Nord, avait imaginé ce
que serait sa une du 1er janvier 2000. Entre autres prévisions, un
pont reliait Calais à Douvres et les hélicoptères avaient remplacé
les automobiles, ce qui contredisait la nécessité d'un pont !
On sait qu'au pont rêvé depuis longtemps a été préféré un
tunnel, rêvé depuis aussi longtemps. Mais si les hélicoptères ne
se sont pas envolés au point de bourdonner en essaims, c'est au
Brésil (à São Paulo), comme un clin d’œil à mon destin, que
virevolte aujourd'hui la plus importante flotte privée. De tous les
objets de notre vie quotidienne que la Voix du Nord n'avait
pas entrevus, un des plus importants, du moins par la place qu'il
occupe désormais, est l'ordinateur individuel, sans même parler des
réseaux qui les font échanger des électrons et nous font lire partout et
en voir de toutes les couleurs.
Que sera 2101 ?
Je n'en ai aucune idée. Je crains parfois le pire. Je rêve quelques
fois d'un monde meilleur. En revanche, rien ne m'interdit d'exprimer
un souhait. Comme la paix des nations me semble hors de portée,
c'est justement elle que je choisirais. Et vous ?
Le Brasília de Lúcio Costa et Oscar Niemeyer - Photo (c) PixeLuz / Francis Juif |
Replacer l'homme comme important dans la politique Brésilienne serait intéressant. Je n'y vois pour l'instant que économie e entreprise, argent...
RépondreSupprimerPour me limiter au Brésil je rêve d'un Brésil sans inégalité, sans armes et sans homicides et c'est déjà beaucoup! Impossible peut-être?