On aura donc vécu
un dépouillement inédit à São Paulo. Alors que celui-ci n'était
pas très loin de s'achever, un homme s'est jeté sur des paquets de
notes et les a emportés, rendant impossible leur prise en compte. Et
cela a fini avec l'incendie de deux chars, une confusion générale,
l'arrestation de cinq hommes. Après quelques heures de pourparlers
entre patrons des écoles de samba, Mocidade Alegre a été déclarée
champion 2012. Mais la Jeunesse n'ayant pas le cœur à la
fête, celle-ci a été annulée, rompant avec le rituel habituel.
On aura entendu,
suite à ces violences, qui auraient été selon la police
orchestrées, des commentaires à n'en plus finir, comme si la Terre
avait été tout près de s'arrêter de tourner. On aura entendu
notamment les opposants au carnaval de service reprendre leur
rengaine et, ma foi, tout dans les heures chaudes de la journée
semblait leur donner raison. Mais entre l'adoration et la
détestation, n'y a-t-il pas la place pour une opinion plus mesurée ?
Sans doute pas, tant le Carnaval déchaîne les passions. Comme
l'écrivait, samedi dernier, l'ami Chaudanne dans le cahier Pensar de notre gazette locale : « Le carnaval est un art total.
Et le carnaval brésilien est, par excellence, le carnaval de tous
les carnavals ». Et donc la passion des passions.
Malgré tout,
puisqu'il s'agit d'un art, faut-il qu'on en fasse un championnat au
même titre que le football, cette autre passion brésilienne ?
Depuis hier, le carnaval s'est rapproché un peu plus du football en
faisant jouer de la pire des espèces ses torcidas organisées,
en ayant recours à la provocation et à la violence, en roulant dans
le caniveau. Cela nous annonce-t-il pour les années qui viennent
mort d'homme ?
« L'opéra de
la rue », pour reprendre encore les propos de Chaudanne, a-t-il
besoin d'être noté ? Une école de samba a-t-elle besoin
d'être déclarée championne ? Certainement pas ! Tant que
tout se passait dans un esprit bon enfant, y compris les arrangements
en coulisse, on pouvait s'en amuser et puis l'oublier dès le
lendemain. L'incident d'hier nous montre non seulement à quel point
tout est, par les temps qui courent, rabaissé à une compétition
mais aussi que tous les moyens sont bons pour triompher et cracher
son mépris à la face des concurrents.
À Rio de Janeiro,
les choses se sont passées plus tranquillement et c'est Unidos da
Tijuca qui l'a emporté, avec 299,9 points sur 300 possibles, un
petit dixième perdu pour nous rappeler que la perfection n'est pas
de ce monde. Viennent ensuite Salgueiro et Vila Isabel.
Et puisque je vous
écris depuis Vitória, je ne manquerai pas de rendre hommage à Boa
Vista, champion 2012.
D'un autre carnaval - Photo (c) PixeLuz / Francis Juif |
Un pays surprenant, le Brésil;.)
RépondreSupprimerPS : deux mots, maintenant, cela devient très dur...
Est ce que Belém s'est fait remarquer (en bien ou en mal)?
RépondreSupprimerJe n'ai rien vu à propos de Belém. D'ailleurs, je dois avouer ne rien savoir du carnaval à Belém.
RépondreSupprimerMoi qui n'aime pas l'ambiance "carnaval" en général (désolé^^) j'aime bien celui de Belém qui est véritablement populaire, informel en grande partie, pas confisqué par des intérêts commerciaux énormes...
RépondreSupprimerPeu de samba (enfin, moins), plus de mysticisme. Et le carême qui suit est plus respecté!