Dans un commentaire (que vous pouvez lire en ouvrant cette fenêtre),
Benjamin s'étonne que les cinq dirigeants du BRICS n'aient pas
évoqué, lors de leur récent sommet de New Delhi, la possibilité
de créer un FMI bis plutôt que d'insister à obtenir un plus grand
rôle dans l'actuelle institution internationale, ce qui leur avait
d'ailleurs été promis en 2010. De fait, la proposition peut
paraître tentante. Pourquoi s'obstiner à revendiquer plus de
pouvoir dans un périmètre global si les pays riches refusent,
malgré les crises (politique, économique, morale, etc.) qui les
touchent, de céder aux revendications légitimes des puissances
émergentes ? Ne vaudrait-il pas mieux bâtir à côté du monde
des repus mal en point un nouveau monde et, par conséquent, imposer
de facto un nouvel ordre mondial ?
Dilma et ses pairs n'ont pas été loin d'évoquer cette hypothèse.
S'ils n'ont pas évoqué un FMI bis, ils ont en revanche décidé
d'étudier la faisabilité d'une banque dédiée au développement et
à l'investissement dans les pays émergents, cible au contour flou
mais qui semble devoir inclure d'autres pays que ceux du BRICS.
C'est, sans aucun doute, à la Chine que l'on doit cette initiative.
Mais face aux réticences, notamment du Brésil, la seule décision
concrète est la création d'un groupe de travail chargé de rendre
compte de ses travaux d'ici deux ans... Bref, un enterrement, façon
commission parlementaire de la troisième république.
Les réticences brésiliennes illustrent bien la fragilité du BRICS.
Qu'ont en commun les cinq pays ? Très peu de choses en vérité,
sinon le désir de peser plus sur les affaires du monde. Mais,
contrairement au G7, avant qu'il ne soit remplacé par le biscornu
G8, les dirigeants du BRICS ne partagent pas la même vision du
monde. À dire vrai, un seul pays de ce club de bric et de broc, la
Chine pour ne pas la nommer, défend une vision du monde et a une
stratégie à moyen et long terme. Sa vision du monde, c'est celle de
l'Empire du milieu de nouveau au centre et aux manettes, d'un parti unique,
nationaliste, concédant aux acteurs économiques la liberté de
jouer selon les règles du capitalisme moderne. Le Brésil, l'Afrique
du Sud et l'Inde n'ont aucune vision à proposer, sinon la
perpétuation du monde actuel et de ses structures, moyennant
quelques aménagements en leur faveur. Quant à la Russie, elle a
tendance à passer son tour, comme au poker.
Et puisque nous parlons de jeu, rappelons que la stratégie de la
Chine qui vise à assumer le plus vite possible, mais dans de bonnes
conditions, le leadership mondial, repose sur l'emploi des tactiques
propres au jeu de go. C'est par l'encerclement des États-Unis que la
Chine vaincra. Faire du yuan, progressivement et sans douleur
apparente, une alternative au dollar en est un exemple. Et c'est
d'ailleurs avec cet objectif que l'idée d'une banque de
développement et d'investissement prend tout son sens.
Je ne partage pas cette analyse, du moins pas entièrement. Je crois discerner une alliance objective des deux meilleurs ennemis du monde à savoir Chine et USA.
RépondreSupprimerCe qui est sûr c'est que les Brics au delà de tout ce qui les sépare devraient s'appuyer sur une conjonction d'éléments qui les unit sans se préoccuper d'idéologie politique.
Monsieur Benjamin, attention de ne pas sous-estimer les ambitions chinoises. N'importe quel Chinois vous dira, en toute franchise, quelle est l'ambition de son pays. La Chine aspire à devenir la première puissance mondiales, économiquement, politiquement, militairement.
RépondreSupprimerJe ne doute pas une seconde que ce soit l'ambition de la Chine et des Chinois, du moins ceux qui ne sont pas obsédés par la nécessité personnelle de survivre (ils sont encore des centaines de millions dans ce cas)
RépondreSupprimerMais d'une part, questions liées à l'idéologie politique mises à part (la politique passe, les puissances demeurent) pourquoi n'auraient-ils pas le droit d'exprimer une ambition qu'avant eux eurent les Français sous napoléon, les Anglais au XIXe siècle, les Allemands (on sait comment) puis les USA voire l'URSS?
C'est le premier point. Le second, c'est que la montée au firmament ne passe que par des alliances de circonstance (voir l'histoire mondiale).
Je persiste: il y en a une de facto entre Chine et USA, par définition appelée à durer tant que les deux y trouveront intérêt. Mais cela peut changer au fil des événements.
Cordialement