Depuis le 3
octobre, c'est-à-dire depuis le jour de mon retour à Vitória, Adel
Abdessemed s'expose à Paris, Beaubourg – à moins qu'il ne faille
dire « Beaubourg, Paris ». Pompidou nous dit – est-ce
l'artiste lui-même qui le leur a soufflé ? – qu'Adel Abdessemed est innocent. Donc le monde est mal foutu – ça tout un
chacun le sait déjà depuis belle lurette, mais ça ne fait pas de
mal de le rappeler – et le monde, ici, c'est sa composante
chronologique. J'aurais bien voulu juger de l'innocence de AA.
J'aurais voulu jouer / jouir de l'alpha et de l'oméga de son œuvre.
Puisque c'est une œuvre qui ne me laisse pas indifférent depuis que
je l'ai croisée à São Paulo, lors de la biennale 2006, une
biennale qui s'attaquait ou s'attachait – cela sera selon votre
humeur – au comment vivre ensemble.
La biennale de São
Paulo, justement, semble couler cette année des jours plus
tranquilles que lors des éditions précédentes. Malgré tout,
j'aimerais bien y faire un tour, histoire de me donner le luxe de
pouvoir être surpris, encore, comme il y a six ans je l'avais été
par Adel Abdessemed, sa vision de la rue, le spectacle d'un chat
bouffant une souris sur grand écran, filmé au ras du sol, filmé de
là où il faut quand on veut montrer les mouvements convulsifs
qui traversent le monde contemporain – dixit Pompidou, encore
eux. Mais un chat avalant une souris, me direz-vous, qu'est-ce que ça
a de particulièrement contemporain ? Les chats avalent des
souris depuis la nuit des temps – la nuit des temps, tous les chats
sont gris. Le contemporain là-dedans, ça doit être l'acte de
filmer un échantillon de la chaîne alimentaire ordinaire, conjugué
à l'acte de le projeter sur un grand écran dans une salle de hangar abritant une exposition d'art étiqueté contemporain.
Ce même jour, à
la faveur d'hyperliens, je découvre avec quelques mois de retard que
Claude Gaignebet est mort. C'était en février, le mois de Carnaval
– en général ! – et c'est précisément à Carnaval que je
dois d'avoir rencontré Claude Gaignebet. Le MAES (Museu de Arte do
Espírito Santo) présentait une exposition de gravures venues de
Gravelines, sur le thème de Carnaval. Nous y étions, ma dame et
moi, quand une employée zélée du secrétariat à la culture, nous
reconnaissant, était venue vers nous pour nous annoncer que rôdait
dans les parages un Français pas tout à fait innocent quant à
l'organisation de l'expo. C'était Claude Gaignebet, vous l'aviez
deviné. Claude nous avait accompagnés deux heures durant, nous ouvrant
les yeux sur chacune des pièces exposées, décortiquant notamment
l'expression de la chronologie dans les tableaux de Pieter Bruegel de
Oude, passant avec bonheur de Dionysos à Rabelais et de Gargantua à
Blaise. À la fin, il nous avait confié travailler sur la symbolique
de la corne. Aura-t-il eu le temps d'achever cette exploration ?
Sans doute pas.
J'évoquais, plus
haut, des liens Internet. Cela me donne l'occasion de saluer un autre blog écrit depuis Vitória, qui est l’œuvre d'Emmanuelle,
qui sans nul doute a eu l'occasion de rencontrer, elle aussi, Claude
Gaignebet, eu égard à des trajectoires qui ont dû se croiser du
côté de Dunkerque, France, plutôt qu'à Nice, France (bis). Mais
sait-on jamais !
du vrAi, du lourD, du boN avec Claude Gaignebet en dépit du méDiOcre bateLeur nanARd pipeau :
RépondreSupprimerhttp://www.babelio.com/apostrophes.php?search=63513